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De la peinture considérée dans ses effets sur les hommes en général

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Titre original:De la peinture considérée dans ses effets sur les hommes en général
Taille:7611KB
Évaluation:
Type:PDF, ePub, Kindle
Catégorie:Livre
Téléchargé:2020 Jul 2

Un écrivain célèbre a dit : « On me demandera si je suis législateur ou prince pour écrire sur la politique. Je réponds que non, et que c’est pour cela que j’écris sur la politique ». J’ai médité quelquefois sur la Peinture, j’ai rassemblé quelques idées sur cet art enchanteur, et, sans être artiste, je présente le résultat de mes réflexions. Je crois même que l’artiste n’est pas toujours celui qui peut le mieux développer les effets de son art : semblable aux habitants de telle contrée, qui ont besoin d’apprendre du voyageur étranger quelles sont les richesses qu’ils possèdent et de quels maux ils ont à se débarrasser. Il se présente une autre considération. Si j’étais artiste, je me tairais, n’eusse-je même que des vérités favorables à dire, de crainte d’affaiblir ces vérités sous ma plume et de prêter à leur apologie un air de prévention. On est assez en usage de comparer les artistes qui relèvent le mérite de leur art, à ces commentateurs enthousiastes pour qui leur auteur est l’écrivain par excellence.Je vais dire franchement ce que je pense de la Peinture et de ses effets, de son influence sur les mœurs, et du degré d’utilité qu’en peut retirer l’homme social. J’examinerai de bonne foi si la Peinture peut être mise au rang des arts utiles et sous quel rapport elle peut y être placée : se dispenser de cette recherche, serait supposer la question. Une Société académique a demandé, il est vrai, il y a plus de quarante ans, aux savants et aux philosophes, si le rétablissement des lettres et des arts avait été utile aux mœurs. Mais une considération générale s’applique rarement avec justesse à tous les objets qu’elle embrasse ; et il est peut-être tel art ou telle science à l’égard desquels on aurait peu de chose à induire soit de la dissertation éloquente couronnée par l’académie de Dijon, soit des apologies nombreuses qu’ont suscitées les opinions du philosophe de Genève.Que les peintres et les amateurs de leur art m’écoutent au reste avec confiance. Je ne viens point ici ressusciter cette lsongue querelle dont la république des lettres a retenti si long-temps, entre les arts et les sciences d’une part, et une philosophie trop ombrageuse de l’autre. Mon écrit, incapable de produire une telle sensation, n’aurait pas d’ailleurs à faire redouter aux artistes ces traits vigoureux d’une éloquence pressante qui nous ont presque entraînés à nous demander si Socrate vivait encore.J’aurai sans doute le courage de dire quelques vérités, mais l’artiste philosophe aura celui de les entendre. Ce n’est qu’en portant auprès des arts le flambeau de l’observation et de la philosophie, que l’on peut découvrir les diverses routes qui doivent les conduire à leur perfection et sur-tout en faire jaillir une influence salutaire sur le bonheur de l’homme. Si j’ai quelques réflexions nouvelles à présenter, je les proposerai dans la seule intention d’augmenter la masse des idées actuelles sur un art qui fait nos délices. Si je parle quelquefois de l’impuissance de la Peinture, je n’en veux point à la gloire des artistes : démontrer cette impuissance, c’est relever au contraire le génie de ceux qui savent presque la faire oublier ; ce n’est pas attaquer le mérite de l’Art, c’est en indiquer les bornes naturelles.On pourrait croire qu’il serait peut-être à propos de suivre l’histoire de la Peinture, et d’observer le genre d’influence qu’elle a exercé sur les hommes dans les différents degrés de culture et de perfectionnement où elle s’est trouvée. Mais, selon nous, indiquer l’influence naturelle qu’elle doit avoir dans tous les cas, c’est indiquer celle qu’elle à dû avoir dans tel temps et dans tel lieu. L’exposition du produit naturel d’un art, est l’histoire même des effets de cet art. Les faits étayeront au reste plus d’une fois nos observations...